L'Heure et l'Art de la sieste…

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C’est l’été, et la chaleur torride de juillet a déjà initié à la sieste crapuleuse langoureuse…

Les corps parés nimbés d’or pâle ou cuivrés de soleil s’alanguissent deviennent lourds se libèrent des contraintes et superflus vestimentaires, osent se dévoiler se décolleter s’offrir se découvrir se montrer…

C’est l’été et la sueur perle délicatement sur les tempes, ruisselle le long des dos, rejoint d’autres sources secrètes…

L’heure et l’art de la sieste… Oui mais pas n’importe où et pas avec n’importe qui…

Cela demande de la préparation du doigté et du raffinement…

Ou bien de l’improvisation de la fantaisie et…de l’imagination! La sieste est un art majeur, une invitation au voyage et au rêve…

Arrêter le temps, suspendre le vol des pensées et affairements divers, se laisser plonger dans le bain d’un sommeil vagabond qu’un effleurement un rien peut transformer en voyage initiatique, en exploration lente et patiente, avec économie de gestes et d’efforts car…il fait si chaud…

Mais ce ruissellement des corps ces sueurs confondues quand on ne sait plus qui est soi qui est l’autre quand tout glisse en un lent ballet silencieux car… il ne faut pas interrompre le rêve, pas suspendre la magie de cette demi-pénombre porteuse de chimères et de mirages orageux!

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Mon enfant, ma soeur,Songe à la douceurD’aller là-bas vivre ensemble !Aimer à loisir,Aimer et mourirAu pays qui te ressemble !Les soleils mouillésDe ces ciels brouillésPour mon esprit ont les charmesSi mystérieuxDe tes traîtres yeux,Brillant à travers leurs larmes.Là, tout n’est qu’ordre et beauté,Luxe, calme et volupté.Des meubles luisants,Polis par les ans,Décoreraient notre chambre ;Les plus rares fleursMêlant leurs odeursAux vagues senteurs de l’ambre,Les riches plafonds,Les miroirs profonds,La splendeur orientale,Tout y parleraitÀ l’âme en secretSa douce langue natale.Là, tout n’est qu’ordre et beauté,Luxe, calme et volupté.Vois sur ces canauxDormir ces vaisseauxDont l’humeur est vagabonde ;C’est pour assouvirTon moindre désirQu’ils viennent du bout du monde.- Les soleils couchantsRevêtent les champs,Les canaux, la ville entière,D’hyacinthe et d’or ;Le monde s’endortDans une chaude lumière.Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

Charles Baudelaire

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