Amour et argent font-ils bon ménage?

Dans les cabinets des thérapeutes de couple, les bilans se font en termes financiers de comptabilité bancaire, avec dans la balance la pesée de qui sera le plus ou le moins débiteur, créditeur de l’autre…

Dans le meilleur des cas une recherche de rééquilibrage, voire un solde ou une annulation de la dette, seront proposés.

Actif ou passif du couple, l’heure est au bilan, et chacun cherche à récupérer son bien, son « dû », son narcissisme. Les griefs se résument in fine à une comptabilité fondée sur le manque ou la peur du manque, où la mesquinerie et l’esprit de vengeance viennent annuler et  piétiner les sentiments d’hier. Et il ne restera que l’envie de réparer avec des compensations matérielles et financières le désastre annoncé de la fin d’un amour. Lorsque être ensemble n’est plus possible, il reste l’avoir qui se conjugue à tous les temps; L’heure est aux règlements de compte…

A la question « pourquoi restez-vous ensemble? » l’argent est pourtant rarement évoqué, car personne n’ose en parler de peur de paraître « intéressé » ou vénal.

Même si la peur de manquer plus que la peur du manque de l’autre vienne rendre réellement difficiles toute velléité ou projet de séparation. 

Rapports à l’amour, rapport à l’argent, coût psychique d’une séparation qui se matérialise ensuite chez l’avocat afin de s’enraciner dans le principe de réalité, par une répartition des avoirs et des dettes, par un marchandage âpre de la garde des enfants ou de l’argenterie du mariage, et l’addition est présentée avec une grande délicatesse, qu’il s’agisse des sacrifices faits pour faire plaisir à l’autre en passant par les oublis d’anniversaire, les radineries ou les largesses, dans une comptabilité de bas-étage.

Dans les cabinets des thérapeutes de couple, on se croirait parfois dans une agence bancaire…

L’une va faire payer par la grève du sexe les défauts de tendresse et de subtilité d’un époux inattentionné, l’autre va faire payer les infidélités d’un mari volage en dépensant rageusement et avec jouissance pour mettre des pansements coûteux sur un narcissisme blessé…

Un autre encore avec un bon sens terrien parlera du coût de la garde du dernier-né qui rendrait irraisonnable la reprise à mi-temps du travail de sa femme, déjà si dépressive qu’il vaut beaucoup mieux vu l’argent qu’elle rapporte qu’elle reste à la maison. Et dès que revigorée par un statut professionnel gratifiant elle ira mieux et s’épanouira, il se mettra à déprimer, à trouver que plus rien ne va …

Dans les cabinets des sexothérapeutes, il se dit des choses sur le fait que faire l’amour n’est pas un dû mais procède du désir, et que le désir est en panne quand rien ne vient plus l’alimenter. Et qu’il s’agit alors de trouver ce qui le nourrit et pourra être versé dans l’actif du couple…On parlera alors d’épargne florissante, de petites rivières pour un grand océan, de graines semées, nourries et arrosées donnant de belles récoltes!

Actif, passif, comparaisons, comptabilité, je t’ai tant donné et si peu reçu, j’ai tant à offrir que tu ne vois pas, et tous ces cadeaux, ces attentions pour ne rien récolter…

Temps du bilan comptable, et dans la balance, que reste-t’il de nos amours?…

Lien pour une réflexion : l’IFCCAC et les dossiers de l’Econovie

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