La norme…

« La norme… la pute et le pédé… « 

Ce titre est le sous-titre d’un article de Marie-Joëlle Gros du 15 février dernier découvert sur le site de Libération , et intitulé « sexualité des jeunes : comme papa-maman ? …»qui  présente notamment les recherches sur la sexualité des 18/25 ans de Yaëlle Amsellem-Mainguy et Wilfried Rault, sociologues organisateurs d’un débat à Sciences Po sur le sujet.

Cet article met le doigt sur des croyances erronées, telles que l’illusion d’une avancée dans l’égalité des comportements et la liberté (libération ?) sexuelle des filles et des garçons  -la révolution sexuelle, l’évolution des sexualités auraient donc de beaux jours…derrière elles, et non pas devant ?…

La domination masculine, mais non voyons, l’égalité homme/femme est aujourd’hui évidente et efficiente!.…

La norme, dans le  contrôle de la sexualité des filles/femmes par les garçons/hommes, serait la clé de voute de notre société, et maintiendrait l’ordre social… Cela n’est pas nouveau, Michel Foucault en parlait déjà dans « Histoire de la sexualité » et les normes politiques, sociales et religieuses ont de tout temps permis d’exercer sur les sociétés le maintien de l’ordre moral, social…et sexuel!

Cependant, plus subtil et pernicieux que cela, émerge cette réalité que les filles intériorisent très tôt cette autocensure les poussant à traiter de salope toute copine un peu trop légère et court vêtue. ..Nous revenons donc à la référence de « la maman et la putain », l’incompatibilité entre ces deux identités, rôles, statuts, étant génératrice de conflits, jalousies, adultères, autocensure et contrôle des hommes sur les femmes, et des femmes sur elles-mêmes ?  

Cela voudrait donc dire qu’une fille dite libérée, qui vit sans  complexes une sexualité qui ne s’inscrit pas forcément ni dans la fidélité ni dans l’hétérosexualité sera mise au banc, traitée de salope voire de pute, ou encore de gouine… et définie uniquement via ses supposés comportements sexuels ?

Cela peut vouloir dire qu’un garçon, s’il manifeste des comportements ou un caractère empreint d’attitudes  dites « spécifiquement féminines » sera considéré comme une fille, à savoir un sous-homme, un non-homme, alors que son sexe est toujours masculin, que sa virilité s’exerce de façon masculine (et encore, que signifient dans les représentations des uns et des autres « comportements masculins ou féminins », sinon l’immersion dans des stéréotypes de genre ?…).

Le dernier numéro de « Sciences Humaines »

 sur les identités sexuelles pose notamment dans un article de Martine Fournier la question de la transformation de la virilité comme norme obligatoire pour les hommes, et de « l’éternel féminin » remis en cause du fait de l’extrême variété des palettes de comportements des femmes d’aujourd’hui, jouant sur tous les tableaux, gammes et terrains…

Petit problème quand même : il n’y aurait plus d’argent dans les caisses de l’Etat pour continuer à informer, prévenir les jeunes collégiens ou lycéens, tant sur la vie affective et sexuelle qu’en leur proposant une réflexion approfondie sur le respect, de soi, de l’autre, sur la liberté nécessaire, de soi, de l’autre, dans justement … la vie affective et sexuelle. Sur  toutes ces notions essentielles,  les filles demeureraient donc gardiennes de l’ordre, via la morale sexuelle, via  l’hétérosexualité et la procréation ?…

 Par contre, le plaisir (par la connaissance et découverte de son corps pour les filles et les garçons), reste une affaire privée (cela ne nous regarde pas…) qui pourtant pose souvent question puisque les sexologues reçoivent en consultation nombre de femmes –et d’hommes en moindre proportion- qui disent ne pas en éprouver. Effectivement, le plaisir n’est pas indispensable pour procréer, les liquides du plaisir masculin et féminin n’ayant ni la même composition, ni les mêmes effets…

Egalité des sexes, des désirs, des plaisirs, en dehors d’une norme enfermante et restrictive ? Lectrices, lecteurs, le sujet est vaste comme l’océan, mais mille sources s’y jettent, toutes importantes, pour alimenter réflexion et débats…

Pour approfondir :

Pétition et communiqué du Planning Familial

Sciences Humaines n° 235

Article Libé Marie-Joëlle Gros « sexualité des jeunes »

Michel Foucault Histoire de la sexualité II L’usage des plaisirs

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