L'Amour, dernière valeur sûre? Ou les mirages de la Saint-Valentin…

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En ces temps troublés où l’insécurité gagne du terrain, et en amène certains à s’engager dans une consommation effrénée de plaisirs immédiats qui perdent très vite sens et saveur, on pourrait penser qu’investir dans l’Amour serait la dernière valeur sûre pour conjurer la peur du vide.

Seulement voilà, l’Amour, produit de consommation courante, est devenu banquable et très coté en bourses… Il trône sur un coussin rouge sang dans les vitrines de la Saint-Valentin, se décline en notes aguichantes à l’affut du premier petit cœur qui ne saurait résister à la promesse d’un renouveau, d’un espoir de tout pouvoir recommencer.

L’Amour est le dernier investissement où l’on serait prêt à placer sans calcul ni tableau prévisionnel toute son âme quitte à la perdre. A placer dans son coffre-fort tout son cœur, quitte à le voir se fendre…

L’Amour est alors vendu comme un rempart contre le froid la grisaille la routine et la désespérance.

Les commerces de la Saint-Valentin ne s’y trompent pas, qui le déclinent sous les formes les plus alléchantes, celles phalliques et néanmoins glamour des sextoys nouvelle génération, celles suaves et exotiques des voyages, dîners en amoureux, dessous rouge passion, bagues symboles du lien indéfectible pour au moins 24 heures… Ou comment réussir sa Saint-Valentin, dans la promesse d’une nuit torride ou follement intense, passée à célébrer cet amour idéal qui l’espace d’un instant fait croire aux partenaires émus qu’ils sont en passe de jouer le rôle de leur vie.

La Saint-Valentin, opération commerciale désormais juteuse, arrive au plus froid de l’hiver, et condense en son sein les espoirs émouvants de petits cœurs affamés et frileux qui crèvent d’envie d’y croire. Et qui, parfois, voient avec douleur le cours de leur investissement dévisser, et lamentablement s’effondrer! Sans doute avaient-ils misé gros, sans « assurer leurs arrières », sans doute dans le feu de l’action avaient-ils oublié qu’investir en masse toutes ses économies libidinales génère des dommages collatéraux. mais c’était si tentant si touchant cette envie d’y croire encore!

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Et pourtant, l’Amour peut aussi être cela; ce refuge où, après en avoir patiemment amoureusement construit les bases et les fondations, assuré le toit, édifié les murs à la fois solides et ouverts sur le monde, les amants peuvent se retrouver à l’abri, contre vents et tempêtes. Et s’endormir le soir serrés l’un contre l’autre, confiants, sereins et le cœur empli de gratitude, dans la tiédeur de leurs corps enlacés et repus de plaisir.

L’Amour, le vrai, le grand Amour se joue alors des pièges mesquins tendus par les sirènes qui vendent du rêve à prix bradé. L’Amour le pur l’étincelant des noces de diamant même si elles durent dix ans mais en valent cent est alors celui du don, de la joie partagée, des matins lumineux sans cesse renouvelés.

Celui du lien tissé au fil des jours et des nuits à se regarder se sentir se sourire et s’aimer.

Celui qui malgré et avec le temps s’enrichit chaque jour de nouvelles nuances, oui, peut-être que celui-ci ressemblerait au véritable amour, qui se mérite aussi, car il nécessite un investissement, une présence à soi et à l’autre qui ne peut se résumer à la jouissance d’un instant, ni à l’illusion de pouvoir éternellement recommencer ailleurs, réinvestir autrement, quand on a cru avoir épuisé les richesses patiemment amassées.

Fond d’investissement, l’Amour? Évidemment…

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